[syndicate] Sloterdijk : le narcissisme infantile du non français

astrëe galbiatta astreegalbiatta at vnatrc.net
Mon Jun 13 21:53:18 CEST 2005


allez plutôt faire un tour par là :

http://www.dedefensa.org/section.php?section_id=9


kisses
astrëe


ohnoqt at yahoo.com doit avoir conçu, dit, ou dicté :
> Entretien avec Peter Sloterdijk à propos de Non à TCE
>
>
>
> Sloterdijk : le narcissisme infantile du non français
>
>
> Le philosophe allemand est en colère contre ces intellectuels français
> qui, sur la question du traité constitutionnel, ont mobilisé un rituel
> postrévolutionnaire et dénoncé « les nouveaux ennemis du peuple ».
>
> Elisabeth Lévy  : Comment interprétez-vous le non français ? Est-ce le
> choix de l'héroïsme ?
>
> Peter Sloterdijk : Il y a deux non à interpréter. Le non néerlandais est
> un non de la méfiance, de la susceptibilité petite-bourgeoise et tout
> simplement de la peur. De tonalité assez différente, le non français est
> punitif, triomphal et prétend être une répétition de la Révolution
> française par les moyens du suffrage universel. Ce non se veut héroïque,
> mais c'est l'héroïsme des enfants gâtés.
>
> Des enfants gâtés, vous exagérez, même si ce mot n'est nullement péjoratif
> pour vous : beaucoup d'électeurs se sentent au contraire privés de toute
> protection face au capitalisme mondialisé. C'est pour cette raison qu'ils
> ne veulent pas que les nations disparaissent.
>
> Ce n'était pas le sujet ! Les électeurs ont répondu à des questions qui
> n'étaient pas posées mais qui étaient dans l'air. Voulez-vous mourir pour
> une Europe médiocre ? Voulez-vous que la France ou les Pays-Bas soient
> dissous dans une Europe sans contours ? Voulez-vous que l'Europe
> s'agrandisse vers l'est ? Mais personne ne leur demandait s'ils voulaient
> accueillir des travailleurs polonais. En tout cas, c'est la première fois
> que la xénophobie porte le drapeau de la fierté.
>
> Il n'y a rien de xénophobe dans le refus d'être mis en concurrence avec
> des travailleurs beaucoup moins payés.
>
> C'est pour cela qu'il faut distinguer le non des intellectuels et celui du
> peuple ; et, même dans le non des intellectuels, le non narcissique d'un
> Michel Onfray, dont la sottise me fait rire, n'a rien à voir avec le non
> adulte ou conservateur de Régis Debray. On peut donc en même temps
> respecter le non de la majorité, lui reconnaître une certaine noblesse et
> se moquer de certains intellectuels. En tout cas, il faut s'intéresser à
> un nouveau phénomène qui est l'émergence, au cours de ce débat, d'une
> nouvelle figure de l'ennemi du peuple : les éditorialistes, perçus comme
> les porte-parole de la sagesse et de la médiocrité adultes, et que la
> majorité a identifiés à une nouvelle aristocratie.
>
> Vivons-nous une période prérévolutionnaire ou révolutionnaire ?
>
> Nous sommes dans le registre du rituel postrévolutionnaire, même s'il
> existe des tensions apparemment prérévolutionnaires dans les relations
> entre les élites et le peuple. C'est une tradition française depuis le
> XIXe siècle : on répète la Révolution, soit dans l'ordre du réel, soit
> dans l'ordre du symbolique. Mais rejouer la Révolution, ce n'est pas la
> faire.
>
> Cela dit, ce n'est pas la première fois que les Français n'obéissent pas à
> leurs grandes consciences. Ils ont écarté tous les candidats des médias,
> d'Edouard Balladur à Lionel Jospin.
>
> Oui, en ce sens, ce 29 mai reconduit le 21 avril : les Français ne veulent
> pas de la médiocrité sociale-démocrate ; en 2002, à un politicien honnête
> et pâle comme Jospin, ils ont préféré des ogres ou des fous. Ils ont
> politisé la folie et ils persistent sans le moindre repentir.
>
> Cette façon de psychiatriser la dissidence est précisément l'une des
> choses que les électeurs ont rejetées. Comme cette propension à réduire le
> vote à un caprice d'enfants gâtés...
>
> Encore une fois, je parle surtout d'une partie de l'élite du non. Pour le
> reste, on ne commente pas la peur. La peur est un fait, quelque chose qui
> vous serre la gorge. Nombre d'intellectuels ( ha! Baudrillard! ) ont fait
> preuve d'un certain anarcho-infantilisme en proclamant la beauté du non,
> en avouant que la victoire du non serait plus intéressante . Cela signifie
> que la notion de maturité politique n'existe plus. Ce mot ne fait plus
> partie du vocabulaire politique. On a vu des dirigeants médiocres proposer
> à des peuples médiocres de pérenniser la médiocrité. Les peuples n'en ont
> pas voulu.
>
> Justement, on peut aussi entendre le non comme un refus de la sortie de
> l'Histoire ou, pour reprendre la métaphore que vous affectionnez, comme un
> rejet du palais de cristal, de la grande salle de gym qu'aspire à devenir
> l'Europe.
>
> Non, on a voté pour conserver le palais de cristal dans sa forme
> existante, parce qu'on pense être trop pauvres pour se payer les travaux
> d'agrandissement : on a eu peur que la température intérieure du palais
> baisse. Bref, les électeurs n'ont pas voulu risquer une gâterie sûre pour
> une gâterie hypothétique, même supérieure. Le résultat, c'est que nous
> allons tous rester dans un palais un peu plus gris, un peu plus privé
> d'espoir.
>
> Donc, vous aussi, comme tous ces bons éditorialistes, pensez finalement
> que le ressort du vote non a été exclusivement la peur ?
>
> Pour les Pays-Bas, c'est certain. En revanche, en France, il y a eu un
> très fort courant que je qualifierai de méchanceté jubilatoire. Une
> épidémie paranoïaque qui a conduit, je le répète, à dénoncer les
> éditorialistes comme les descendants des aristocrates de la Révolution
> française. On les a soupçonnés de vouloir faire taire le sens commun et
> l'esprit critique, de chercher à obliger le peuple à dire des choses qu'il
> ne veut pas dire. Bref, d'être des pharmaciens infernaux qui voulaient
> empoisonner le peuple.
>
> Il faut dire qu'ils font parfois penser aux médecins de Molière. Dès
> qu'une question se pose, ils répondent « L'Europe ! L'Europe, vous dis-je
> ! ».
>
> Oui, l'Europe serait la panacée contre tous les maux. En attendant,
> l'atmosphère est de plus en plus anti-élitiste. C'est dans cette
> perspective qu'il faut souligner le rôle particulier de l'Internet dans
> l'organisation du non français. Sur le Réseau se propageaient les rumeurs
> les plus paranoïaques, mais les utilisateurs du Net avaient la conviction
> jubilatoire d'être plus malins que la presse écrite. Alors que celle-ci
> était, dans sa majorité, sage et proeuropéenne, le Net était presque
> entièrement négatif. Et cette négativité était fondée sur la célébration
> de sa propre intelligence. C'est pour cela que le non français est en
> partie un non d'enfants gâtés et d'enfants terribles.
>
> On peut se demander si ce ne sont pas ces adultes prétendument
> raisonnables qui infantilisent les peuples. Parce que, si être raisonnable
> signifie accepter le chômage et la précarité, mieux vaut effectivement
> demeurer enfant !
>
> Dans ce cas-là, le vote français articulait un non métaphysique. La
> question profonde du référendum aurait été : est-ce que vous vous résignez
> à un monde où les adultes ne peuvent pas résoudre tous les problèmes ? Ou
> même : vous acceptez-vous un monde où un certain nombre de maux continuent
> à exister ?
>
> Et si tout cela signifiait que les élites ne font pas leur boulot d'élites
> ? Après tout, cela fait des années qu'elles donnent le sentiment de ne
> rien entendre de ce qui se passe dans les sociétés. Pourquoi les
> écouterait-on ?
>
> Il est vrai que la démocratie directe suppose des élites qui ont fait leur
> travail, en l'occurrence une campagne d'information de plusieurs années.
> Or, au contraire, on a le sentiment que ce projet européen accéléré
> s'adresse aux seules élites, c'est-à-dire à ceux qui ont la capacité
> d'éprouver, même sans enthousiasme, la beauté d'un grand projet dénué de
> toute grandeur. L'Europe, c'est le paradoxe d'une grandeur sans grandeur :
> difficile à expliquer aux populations agitées par les luttes quotidiennes
> ! Le prix de l'aventure européenne, c'est le renoncement à l'héroïsme.
> Pour entrer dans ce club d'empires humiliés, il faut prouver qu'on a
> abandonné les mauvaises manières de la fierté impériale et de la
> grandiloquence. Oui, l'Europe est un club de médiocres, là est sa
> grandeur, une grandeur ironique. L'alternative à laquelle nous sommes
> confrontés est simple : d'un côté, grandeur et sacrifice, de l'autre,
> bien-être et médiocrité.
>
> D'où, peut-être, le message confus envoyé par les électeurs français :
> nous voulons la grandeur et le bien-être !
>
> Le surréalisme français est sorti des musées et descendu dans les rues, où
> l'on porte des banderoles sur lesquelles est inscrit le slogan : « Le
> peuple ne cède pas sur son désir. » Pour qu'il y ait des enfants gâtés -
> tels qu'on les aime -, il faut bien que quelques adultes s'occupent de la
> construction de la serre. On ne devient pas adulte en critiquant les
> eurocrates ou tous ceux qui s'occupent du bien-être collectif. Que les
> moyens qu'ils emploient soient ou non convaincants est une autre question.
> L'anti-élitisme et l'anti-adultisme ne mènent à rien .
> 9juin2005,Propos recueillis par Elisabeth Lévy ,
> http://www.lepoint.fr/edito/document.html?did=164024
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