[syndicate] negri / sassen in berlin

Aliette Guibert guibertc at criticalsecret.com
Mon Oct 4 15:22:36 CEST 2004


bonjour Claudia !

Merci !


----- Original Message ----- 
From: "claudia westermann" <media at ezaic.de>
To: <syndicate at anart.no>
Sent: Monday, October 04, 2004 12:06 PM
Subject: Re: [syndicate] negri / sassen in berlin


bonjour, bonjour

>
>What does it mean exactly? Multitudes are they diverse differences or the
>same numerous...

pardon, pardon .. am a little bit in a hurry ...
but post you this link to an interview with Negri
in French + explication peut-etre
en-bas

on the same (fan) portal there are as well comments in English etc
http://multitudes.samizdat.net/rubrique.php3?id_rubrique=504

best,
Claudia


http://multitudes.samizdat.net/article.php3?id_article=1626


JL : Comment définir le concept de multitude, et d'où vient-il ?

Toni Negri - La multitude, c'est un concept qui
désigne l'ensemble des gens qui produisent le
monde. Produire le monde, c'est participer à la
Cité, à travers la production, le travail. Dans
le concept de multitude, il y a cette idée
qu'aujourd'hui la production, la richesse, les
biens ne sont pas seulement produits par le
travail mais par la relation, le désir, le
langage, la connaissance... le travail
immatériel. Dans ce livre, nous essayons de
donner une base très matérielle au concept de
travail immatériel et de montrer que, même dans
le travail matériel, toute une série d'éléments
immatériels sont présents. Dans toute la
philosophie politique du début de la modernité,
de Hobbes à Descartes, jusqu'à Hegel, on trouvait
le terme "multitude", mais souvent réduit à la
plèbe, le vulgaire, ce qui n'a pas de forme. La
multitude était un élément négatif. Spinoza le
transforme en terme créatif. Il conçoit l'idée de
multitude comme la possibilité de ce qu'il
appelle "la démocratie absolue". En développant
ce concept, il reprend quelque chose déjà présent
chez Machiavel, qui considère qu'on ne peut pas
parler de politique s'il n'y a pas de tumulte,
c'est-à-dire une forme dans laquelle les
puissances princières, plus ou moins étatiques,
et la multitude des citoyens,s'affrontent. C'est
une référence aux travailleurs de la ville de
Florence, les ciompi, protagonistes d'une grande
révolte populaire à la fin du XIVe siècle. Nous
considérons aujourd'hui que la modification du
travail et des formes de vie donne à la multitude
des capacités d'expression directe, immédiate. On
nous a dit que, dans Empire, nous négligions
l'Etat-nation. C'est vrai, mais c'est aussi faux
car personne n'est suffisamment imbécile pour
penser qu'aujourd'hui les transformations ne se
produisent pas en Espagne, en Argentine, en
Irak... Ce que nous disons, simplement, c'est que
la nation n'est pas capable de résoudre les
problèmes de la multitude.

JL : Vous expliquez que la multitude se distingue
du peuple, des masses et de la classe ouvrière.
Est-ce un nouveau prolétariat ?
TN : Le concept de prolétariat est un peu
négatif. Il est ambigu. Même s'il est le concept
de base de la production de valeurs, c'est un
concept informe. On parle de dictature parce que
le concept de prolétariat devient purement
anarchiste s'il n'est pas lié à un concept
d'avant-garde. La multitude constitue un réseau
dans lequel les rapports entres les fonctions des
uns et des autres sont fondamentaux pour la vie
sociale. Le pouvoir a besoin de la multitude.
Mais la multitude est bloquée par le pouvoir.
Comme pour la classe ouvrière à la fin du XVIIIe
siècle, comme disait l'abbé Sieyès du Tiers-Etat,
"Nous sommes tout et nous n'avons rien." Quel
type de sujet politique est la multitude ? C'est
le grand problème. C'est aussi celui de l'espace,
du temps dans lequel ce sujet s'exprime. Nous
vivons aujourd'hui un passage de régime ; les
formes de démocratie sont toujours plus larges,
et pour cette raison toujours plus opprimées,
comprimées, bloquées. La subjectivité de la
multitude est en train de se former.

JL : Où est cette multitude ? Existe-t-elle ?
TN : Il y a des exemples formidables : les
mouvements contre la guerre, qui ont traversé la
société en essayant de reprendre le pouvoir
fondamental de l'Etat, qui est celui de faire la
guerre. En Espagne par exemple, après l'attentat
du il Mars, les gens ont formé d'une manière
autonome des réseaux qui ont modifié l'horizon
politique. Comme une Commune de Madrid. En
Argentine, en 2001, différentes couches sociales
ont réussi à s'organiser ensemble, en demandant :
" ! Que se vayan todos !" ("Qu'ils s'en aillent
tous !"), "On en a assez de la représentation".
Ce n'était pas quelque chose d'anarchique,
d'insurrectionnel. Ce n'était pas la fin d'une
structuration du pouvoir, mais la possibilité de
lui donner une forme d'absolu démocratique. C'est
aussi les luttes de 1995 et 1996 à Paris qui
n'ont pas été engagées par les cheminots de la
RATP pour défendre leurs seuls intérêts
corporatistes, mais ont impliqué les citoyens
dans leur ensemble, qui ont voulu agir contre le
plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale. On
touchait à quelque chose qui faisait partie de
leur vie. C'est l'idée du commun, à côté de
l'habituelle distinction privé-public. C'est
aussi une critique de l'économie politique. Le
privé nie cet élément commun, qui est à la base
de tout ce qu'on produit : cette structure qui
touche à la citoyenneté, à la société, à ses
mouvements, son niveau d'éducation, son niveau
d'espérance de vie, son organisation interne, le
dialogue, l'originalité du langage... toutes
choses indispensables à la création de richesse.
Aujourd'hui, on a besoin de grands moyens que
seul l'Etat-nation, le public, peut fournir. Mais
on a tout autant besoin de l'invention fournie
par la capacité des singularités à se mettre en
jeu. Cela ne signifie pas que je suis en faveur
de la privatisation de la santé publique ou de
l'énergie. Mais je suis convaincu qu'on peut et
qu'on doit travailler pour transformer ces
grandes réalités publiques en des réalités
communes. Le "public" n'est pas en soi
démocratique. C'est la démocratie du capitalisme.

JL : Cette notion si vaste de multitude, Al Qaeda
pourrait presque s'en revendiquer...
TN : Al Qaeda, de ce que j'en sais, c'est une
forme extrêmement moderne d'organisation de la
guerre, une forme en réseau, qui est aussi une
forme de communication et d'organisation sociale.
Mais elle répète de la manière la plus absurde et
la plus répugnante les formes de commandement de
l'UN, de l'Unité centrale, qui est religieuse,
idéologique. Al Qaeda, c'est une nation, une
nation religieuse. Cette nation, ce peuple, ces
formes d'unités de guerre nient la subjectivité.
Il n'y a pas de construction des libertés avec Al
Qaeda. Prenez la forme de guerre dans laquelle
aujourd'hui les pays occidentaux capitalistes se
sont engagés : là aussi il y a des formes de
réseaux extrêmement habiles, complexes, cette
grande "intelligence" mondiale qui nous écoute
tous... Al Qaeda et l'armée de Bush sont les deux
formes de contre-civilisation les plus extrêmes.
L'Empire ne connaît plus de guerre entre
nations : il connaît une certaine homogénéisation
des intérêts capitalistes au niveau mondial, qui
ont besoin d'une organisation coercitive des
forces qui structurent le monde. Nous parlons à
ce propos de guerre "ordinative" qui n'est pas
une guerre véritable : les grandes armées
régulières, patriotiques, liées à la défense d'un
espace, n'existent plus. On trouve des petites et
grandes unités qui peuvent à tout moment se
déplacer dans le monde. C'est aussi une guerre
biopolitique. Aujourd'hui, faire la guerre, ce
n'est pas seulement éliminer Saddam, c'est
organiser une société, "to build a nation". C'est
utiliser en guise d'armes d'énormes moyens
d'ingérence économique, sanitaire, culturelle. La
guerre préventive prend alors la forme de l'idée
d'une société à imposer. La guerre devient le
fondement d'une certaine remise en ordre continue
du monde. C'est une guerre de police. Le concept
de souveraineté est profondément en crise. Il a
besoin de la guerre pour se maintenir. La "Ram",
la Révolution dans les affaires militaires -
tournant de la stratégie militaire américaine
après 1989 et la fin de la guerre froide - c'est
la théorie du soldat à la Schwarzenegger,
Terminator, la fin de la mort du soldat. Un
soldat américain qui exerce des activités de
police dans le monde pour restaurer l'ordre. J'ai
écrit une petite tragédie, Essaim, qui sera jouée
au Théâtre de la Colline, à Paris, l'an prochain.
L'histoire d'un kamikaze qui cherche des moyens
de résistance qui ne soient pas ceux de la
guerre. Le kamikaze, c'est l'exaspération d'une
violence contrainte, l'horrible signe d'une
humanité dépourvue de moyens de résistance. Je
crois qu'il y a un lien entre les deux.

JL : Multitude se termine sur l'annonce presque
prophétique d'une victoire à venir : "Nous
pouvons d'ores et déjà reconnaître que le temps
est partagé entre un présent qui est déjà mort et
un avenir qui est déjà vivant - et l'abîme béant
entre les deux ne cesse de grandir." Or,
aujourd'hui, l'altermondialisation, qui est l'une
des formes d'expression les plus fortes de cette
multitude, traverse une crise d'effectivité,
d'attractivité. Ne confondez-vous pas le
possible, voire le souhaitable, avec le réel ?
TN : Peut-être en effet que, lorsque nous avons
fini ce livre, notre espoir pour le mouvement
était plus fort qu'aujourd'hui. Je suis d'accord
pour dire que le mouvement altermondialiste est
en crise. Crise de conception, de théorie, de
propositions... Mais les mouvements ont des
cycles. Et je crois que le discours sur l'Empire,
la souveraineté, ce qui s'est passé dans cette
période, est quelque chose d'irréversible. Je ne
crois pas qu'il y aura une restauration de
l'Etat-nation. Toutes les positions, même de
gauche, qui se prononcent contre des mouvements
de fédération plus larges, sont en train de
devenir réactionnaires. Je suis convaincu que, du
point de vue de l'organisation du travail et des
luttes sociales, ces luttes auront de plus en
plus un caractère commun. Qu'il y a des
possibilités de rupture avec le processus
impérial qui jusqu'ici s'est beaucoup exprimé à
travers l'unilatéralisme américain. On est en
train de voir apparaître un monde qui sera assez
différent, avec des acteurs nouveaux : une
Amérique latine plus ou moins unifiée, une Chine
plus ou moins dangereuse, peut-être une Europe
qui soit enfin une puissance démocratique.
Dans ce monde-là, la montée de
l'altermondialisation n'a été qu'une première
phase de contestation. Désormais, tous les
mouvements se poseront à ce niveau de critique et
de capacité de mobilisation multitudinaire. C'est
pour moi extrêmement important. Il faut inventer
de nouvelles formes de représentation, de
gouvernance, des formes dans lesquelles les
singularités interviennent directement dans les
administrations, dans toutes les formes dans
lesquelles les rapports entre les hommes se
développent. Je crois qu'on peut raisonnablement
penser que le mouvement peut reprendre. Ce qui
est mort dans ce mouvement, en Italie en tout
cas, même si je ne fais pas une oraison funèbre,
c'est le mouvement altermondialiste tel qu'on l'a
connu à Gênes. Ces grands rassemblements anti-G8.
Nous, les plus vieux, on a traversé au moins
deux, trois phases identiques, à l'issue
desquelles on a appris qu'il fallait recommencer
à travailler. Avons-nous été vaincus ? Je suis en
désaccord sur ce point avec Erri De Luca. Je
pense qu'en Italie les seules choses vivantes qui
existent encore en politique sont liées à ces
années : tout l'altermondialisme italien, ce
grand pacifisme de gauche, cette capacité
d'organisation... et même la théorie. Je n'ai
jamais pensé que la défaite était une
catastrophe. La défaite n'est pas la déroute.

>
>Double move of emancipation and collaboration - I am not sure of that.
>Could be no emancipation at all for a part ;
>
>There are not anymore social mass... and so on.
>
>I am afraid taht we could go again to the big party...
>
>My problem is autonomy to act it is to think it; don't you think so of it?
>
>Aliette
>
>
>
>
>----- Original Message -----
>From: "claudia westermann" <media at ezaic.de>
>To: <syndicate at anart.no>
>Sent: Sunday, October 03, 2004 11:14 PM
>Subject: [syndicate] negri / sassen in berlin
>
>
>
>http://www.volksbuehne-berlin.de/ftflash/index.html
>
>LIVE AND LET DIE
>USA, GLOBALE WELTORDNUNG UND MULTITUDE
>
>Volksbuehne Berlin -
>Grosses Haus
>
>Okt. 6 - 8 pm
>                         Antonio Negri
>
>
>
>
>>   >  Les Editions de la Découverte annoncent que "Multitude : Guerre et
>>   > démocratie à l'époque de l'Empire"  est désormais disponible en
>>   > librairies.
>>   >
>>   >
>>   > Michael HARDT et Antonio NEGRI
>>   > Multitude
>>   >
>>   > La mondialisation étend à l'échelle planétaire son réseau de
>>   > hiérarchies et de divisions, dont la fonction est de maintenir
l'ordre
>>   > à travers de nouveaux mécanismes de contrôle et de conflit perpétuel.
>>   > Mais elle présente un autre visage : celui de la multitude,
>>   > l'alternative vivante qui croît au sein de l'« Empire », une
>>   > multiplicité de mouvements et de sujets engagés dans un double
>>   > processus d'émancipation et de collaboration.
>
>
>
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>
>Okt. 15 - 8 pm
>                         Saskia Sassen
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