[syndicate] negri / sassen in berlin

claudia westermann media at ezaic.de
Mon Oct 4 12:06:21 CEST 2004


bonjour, bonjour

>
>What does it mean exactly? Multitudes are they diverse differences or the
>same numerous...

pardon, pardon .. am a little bit in a hurry ... 
but post you this link to an interview with Negri 
in French + explication peut-etre
en-bas

on the same (fan) portal there are as well comments in English etc
http://multitudes.samizdat.net/rubrique.php3?id_rubrique=504

best,
Claudia


http://multitudes.samizdat.net/article.php3?id_article=1626


JL : Comment définir le concept de multitude, et d'où vient-il ?

Toni Negri - La multitude, c'est un concept qui 
désigne l'ensemble des gens qui produisent le 
monde. Produire le monde, c'est participer à la 
Cité, à travers la production, le travail. Dans 
le concept de multitude, il y a cette idée 
qu'aujourd'hui la production, la richesse, les 
biens ne sont pas seulement produits par le 
travail mais par la relation, le désir, le 
langage, la connaissance... le travail 
immatériel. Dans ce livre, nous essayons de 
donner une base très matérielle au concept de 
travail immatériel et de montrer que, même dans 
le travail matériel, toute une série d'éléments 
immatériels sont présents. Dans toute la 
philosophie politique du début de la modernité, 
de Hobbes à Descartes, jusqu'à Hegel, on trouvait 
le terme "multitude", mais souvent réduit à la 
plèbe, le vulgaire, ce qui n'a pas de forme. La 
multitude était un élément négatif. Spinoza le 
transforme en terme créatif. Il conçoit l'idée de 
multitude comme la possibilité de ce qu'il 
appelle "la démocratie absolue". En développant 
ce concept, il reprend quelque chose déjà présent 
chez Machiavel, qui considère qu'on ne peut pas 
parler de politique s'il n'y a pas de tumulte, 
c'est-à-dire une forme dans laquelle les 
puissances princières, plus ou moins étatiques, 
et la multitude des citoyens,s'affrontent. C'est 
une référence aux travailleurs de la ville de 
Florence, les ciompi, protagonistes d'une grande 
révolte populaire à la fin du XIVe siècle. Nous 
considérons aujourd'hui que la modification du 
travail et des formes de vie donne à la multitude 
des capacités d'expression directe, immédiate. On 
nous a dit que, dans Empire, nous négligions 
l'Etat-nation. C'est vrai, mais c'est aussi faux 
car personne n'est suffisamment imbécile pour 
penser qu'aujourd'hui les transformations ne se 
produisent pas en Espagne, en Argentine, en 
Irak... Ce que nous disons, simplement, c'est que 
la nation n'est pas capable de résoudre les 
problèmes de la multitude.

JL : Vous expliquez que la multitude se distingue 
du peuple, des masses et de la classe ouvrière. 
Est-ce un nouveau prolétariat ?
TN : Le concept de prolétariat est un peu 
négatif. Il est ambigu. Même s'il est le concept 
de base de la production de valeurs, c'est un 
concept informe. On parle de dictature parce que 
le concept de prolétariat devient purement 
anarchiste s'il n'est pas lié à un concept 
d'avant-garde. La multitude constitue un réseau 
dans lequel les rapports entres les fonctions des 
uns et des autres sont fondamentaux pour la vie 
sociale. Le pouvoir a besoin de la multitude. 
Mais la multitude est bloquée par le pouvoir. 
Comme pour la classe ouvrière à la fin du XVIIIe 
siècle, comme disait l'abbé Sieyès du Tiers-Etat, 
"Nous sommes tout et nous n'avons rien." Quel 
type de sujet politique est la multitude ? C'est 
le grand problème. C'est aussi celui de l'espace, 
du temps dans lequel ce sujet s'exprime. Nous 
vivons aujourd'hui un passage de régime ; les 
formes de démocratie sont toujours plus larges, 
et pour cette raison toujours plus opprimées, 
comprimées, bloquées. La subjectivité de la 
multitude est en train de se former.

JL : Où est cette multitude ? Existe-t-elle ?
TN : Il y a des exemples formidables : les 
mouvements contre la guerre, qui ont traversé la 
société en essayant de reprendre le pouvoir 
fondamental de l'Etat, qui est celui de faire la 
guerre. En Espagne par exemple, après l'attentat 
du il Mars, les gens ont formé d'une manière 
autonome des réseaux qui ont modifié l'horizon 
politique. Comme une Commune de Madrid. En 
Argentine, en 2001, différentes couches sociales 
ont réussi à s'organiser ensemble, en demandant : 
" ! Que se vayan todos !" ("Qu'ils s'en aillent 
tous !"), "On en a assez de la représentation". 
Ce n'était pas quelque chose d'anarchique, 
d'insurrectionnel. Ce n'était pas la fin d'une 
structuration du pouvoir, mais la possibilité de 
lui donner une forme d'absolu démocratique. C'est 
aussi les luttes de 1995 et 1996 à Paris qui 
n'ont pas été engagées par les cheminots de la 
RATP pour défendre leurs seuls intérêts 
corporatistes, mais ont impliqué les citoyens 
dans leur ensemble, qui ont voulu agir contre le 
plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale. On 
touchait à quelque chose qui faisait partie de 
leur vie. C'est l'idée du commun, à côté de 
l'habituelle distinction privé-public. C'est 
aussi une critique de l'économie politique. Le 
privé nie cet élément commun, qui est à la base 
de tout ce qu'on produit : cette structure qui 
touche à la citoyenneté, à la société, à ses 
mouvements, son niveau d'éducation, son niveau 
d'espérance de vie, son organisation interne, le 
dialogue, l'originalité du langage... toutes 
choses indispensables à la création de richesse.
Aujourd'hui, on a besoin de grands moyens que 
seul l'Etat-nation, le public, peut fournir. Mais 
on a tout autant besoin de l'invention fournie 
par la capacité des singularités à se mettre en 
jeu. Cela ne signifie pas que je suis en faveur 
de la privatisation de la santé publique ou de 
l'énergie. Mais je suis convaincu qu'on peut et 
qu'on doit travailler pour transformer ces 
grandes réalités publiques en des réalités 
communes. Le "public" n'est pas en soi 
démocratique. C'est la démocratie du capitalisme.

JL : Cette notion si vaste de multitude, Al Qaeda 
pourrait presque s'en revendiquer...
TN : Al Qaeda, de ce que j'en sais, c'est une 
forme extrêmement moderne d'organisation de la 
guerre, une forme en réseau, qui est aussi une 
forme de communication et d'organisation sociale. 
Mais elle répète de la manière la plus absurde et 
la plus répugnante les formes de commandement de 
l'UN, de l'Unité centrale, qui est religieuse, 
idéologique. Al Qaeda, c'est une nation, une 
nation religieuse. Cette nation, ce peuple, ces 
formes d'unités de guerre nient la subjectivité. 
Il n'y a pas de construction des libertés avec Al 
Qaeda. Prenez la forme de guerre dans laquelle 
aujourd'hui les pays occidentaux capitalistes se 
sont engagés : là aussi il y a des formes de 
réseaux extrêmement habiles, complexes, cette 
grande "intelligence" mondiale qui nous écoute 
tous... Al Qaeda et l'armée de Bush sont les deux 
formes de contre-civilisation les plus extrêmes. 
L'Empire ne connaît plus de guerre entre 
nations : il connaît une certaine homogénéisation 
des intérêts capitalistes au niveau mondial, qui 
ont besoin d'une organisation coercitive des 
forces qui structurent le monde. Nous parlons à 
ce propos de guerre "ordinative" qui n'est pas 
une guerre véritable : les grandes armées 
régulières, patriotiques, liées à la défense d'un 
espace, n'existent plus. On trouve des petites et 
grandes unités qui peuvent à tout moment se 
déplacer dans le monde. C'est aussi une guerre 
biopolitique. Aujourd'hui, faire la guerre, ce 
n'est pas seulement éliminer Saddam, c'est 
organiser une société, "to build a nation". C'est 
utiliser en guise d'armes d'énormes moyens 
d'ingérence économique, sanitaire, culturelle. La 
guerre préventive prend alors la forme de l'idée 
d'une société à imposer. La guerre devient le 
fondement d'une certaine remise en ordre continue 
du monde. C'est une guerre de police. Le concept 
de souveraineté est profondément en crise. Il a 
besoin de la guerre pour se maintenir. La "Ram", 
la Révolution dans les affaires militaires - 
tournant de la stratégie militaire américaine 
après 1989 et la fin de la guerre froide - c'est 
la théorie du soldat à la Schwarzenegger, 
Terminator, la fin de la mort du soldat. Un 
soldat américain qui exerce des activités de 
police dans le monde pour restaurer l'ordre. J'ai 
écrit une petite tragédie, Essaim, qui sera jouée 
au Théâtre de la Colline, à Paris, l'an prochain. 
L'histoire d'un kamikaze qui cherche des moyens 
de résistance qui ne soient pas ceux de la 
guerre. Le kamikaze, c'est l'exaspération d'une 
violence contrainte, l'horrible signe d'une 
humanité dépourvue de moyens de résistance. Je 
crois qu'il y a un lien entre les deux.

JL : Multitude se termine sur l'annonce presque 
prophétique d'une victoire à venir : "Nous 
pouvons d'ores et déjà reconnaître que le temps 
est partagé entre un présent qui est déjà mort et 
un avenir qui est déjà vivant - et l'abîme béant 
entre les deux ne cesse de grandir." Or, 
aujourd'hui, l'altermondialisation, qui est l'une 
des formes d'expression les plus fortes de cette 
multitude, traverse une crise d'effectivité, 
d'attractivité. Ne confondez-vous pas le 
possible, voire le souhaitable, avec le réel ?
TN : Peut-être en effet que, lorsque nous avons 
fini ce livre, notre espoir pour le mouvement 
était plus fort qu'aujourd'hui. Je suis d'accord 
pour dire que le mouvement altermondialiste est 
en crise. Crise de conception, de théorie, de 
propositions... Mais les mouvements ont des 
cycles. Et je crois que le discours sur l'Empire, 
la souveraineté, ce qui s'est passé dans cette 
période, est quelque chose d'irréversible. Je ne 
crois pas qu'il y aura une restauration de 
l'Etat-nation. Toutes les positions, même de 
gauche, qui se prononcent contre des mouvements 
de fédération plus larges, sont en train de 
devenir réactionnaires. Je suis convaincu que, du 
point de vue de l'organisation du travail et des 
luttes sociales, ces luttes auront de plus en 
plus un caractère commun. Qu'il y a des 
possibilités de rupture avec le processus 
impérial qui jusqu'ici s'est beaucoup exprimé à 
travers l'unilatéralisme américain. On est en 
train de voir apparaître un monde qui sera assez 
différent, avec des acteurs nouveaux : une 
Amérique latine plus ou moins unifiée, une Chine 
plus ou moins dangereuse, peut-être une Europe 
qui soit enfin une puissance démocratique.
Dans ce monde-là, la montée de 
l'altermondialisation n'a été qu'une première 
phase de contestation. Désormais, tous les 
mouvements se poseront à ce niveau de critique et 
de capacité de mobilisation multitudinaire. C'est 
pour moi extrêmement important. Il faut inventer 
de nouvelles formes de représentation, de 
gouvernance, des formes dans lesquelles les 
singularités interviennent directement dans les 
administrations, dans toutes les formes dans 
lesquelles les rapports entre les hommes se 
développent. Je crois qu'on peut raisonnablement 
penser que le mouvement peut reprendre. Ce qui 
est mort dans ce mouvement, en Italie en tout 
cas, même si je ne fais pas une oraison funèbre, 
c'est le mouvement altermondialiste tel qu'on l'a 
connu à Gênes. Ces grands rassemblements anti-G8. 
Nous, les plus vieux, on a traversé au moins 
deux, trois phases identiques, à l'issue 
desquelles on a appris qu'il fallait recommencer 
à travailler. Avons-nous été vaincus ? Je suis en 
désaccord sur ce point avec Erri De Luca. Je 
pense qu'en Italie les seules choses vivantes qui 
existent encore en politique sont liées à ces 
années : tout l'altermondialisme italien, ce 
grand pacifisme de gauche, cette capacité 
d'organisation... et même la théorie. Je n'ai 
jamais pensé que la défaite était une 
catastrophe. La défaite n'est pas la déroute.

>
>Double move of emancipation and collaboration - I am not sure of that.
>Could be no emancipation at all for a part ;
>
>There are not anymore social mass... and so on.
>
>I am afraid taht we could go again to the big party...
>
>My problem is autonomy to act it is to think it; don't you think so of it?
>
>Aliette
>
>
>
>
>----- Original Message -----
>From: "claudia westermann" <media at ezaic.de>
>To: <syndicate at anart.no>
>Sent: Sunday, October 03, 2004 11:14 PM
>Subject: [syndicate] negri / sassen in berlin
>
>
>
>http://www.volksbuehne-berlin.de/ftflash/index.html
>
>LIVE AND LET DIE
>USA, GLOBALE WELTORDNUNG UND MULTITUDE
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>Volksbuehne Berlin -
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>Okt. 6 - 8 pm
>                         Antonio Negri
>
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>>   > Multitude
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>>   > hiérarchies et de divisions, dont la fonction est de maintenir l'ordre
>>   > à travers de nouveaux mécanismes de contrôle et de conflit perpétuel.
>>   > Mais elle présente un autre visage : celui de la multitude,
>>   > l'alternative vivante qui croît au sein de l'« Empire », une
>>   > multiplicité de mouvements et de sujets engagés dans un double
>>   > processus d'émancipation et de collaboration.
>
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