[syndicate] Sloterdijk : le narcissisme infantile du non français

astrëe galbiatta astreegalbiatta at vnatrc.net
Mon Jun 13 21:57:33 CEST 2005


allez plutôt faire un tour par là :

http://www.dedefensa.org/section.php?section_id=9

par exemple, ça :

La Très-Grande Trouille des Haut-Pensants
http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=1628
daté du 7 juin.
citation : "Bordel, Sire, ils ont osé.".

kisses
astrëe


ohnoqt at yahoo.com doit avoir conçu, dit, ou dicté :
> Entretien avec Peter Sloterdijk à propos de Non à TCE
>
>
>
> Sloterdijk : le narcissisme infantile du non français
>
>
> Le philosophe allemand est en colère contre ces intellectuels français
qui, sur la question du traité constitutionnel, ont mobilisé un rituel
postrévolutionnaire et dénoncé « les nouveaux ennemis du peuple ».
>
> Elisabeth Lévy  : Comment interprétez-vous le non français ? Est-ce le
choix de l'héroïsme ?
>
> Peter Sloterdijk : Il y a deux non à interpréter. Le non néerlandais est
un non de la méfiance, de la susceptibilité petite-bourgeoise et tout
simplement de la peur. De tonalité assez différente, le non français est
punitif, triomphal et prétend être une répétition de la Révolution
française par les moyens du suffrage universel. Ce non se veut héroïque,
mais c'est l'héroïsme des enfants gâtés.
>
> Des enfants gâtés, vous exagérez, même si ce mot n'est nullement
péjoratif pour vous : beaucoup d'électeurs se sentent au contraire
privés de toute protection face au capitalisme mondialisé. C'est pour
cette raison qu'ils ne veulent pas que les nations disparaissent.
>
> Ce n'était pas le sujet ! Les électeurs ont répondu à des questions qui
n'étaient pas posées mais qui étaient dans l'air. Voulez-vous mourir
pour une Europe médiocre ? Voulez-vous que la France ou les Pays-Bas
soient dissous dans une Europe sans contours ? Voulez-vous que l'Europe
s'agrandisse vers l'est ? Mais personne ne leur demandait s'ils
voulaient accueillir des travailleurs polonais. En tout cas, c'est la
première fois que la xénophobie porte le drapeau de la fierté.
>
> Il n'y a rien de xénophobe dans le refus d'être mis en concurrence avec
des travailleurs beaucoup moins payés.
>
> C'est pour cela qu'il faut distinguer le non des intellectuels et celui
du peuple ; et, même dans le non des intellectuels, le non narcissique
d'un Michel Onfray, dont la sottise me fait rire, n'a rien à voir avec
le non adulte ou conservateur de Régis Debray. On peut donc en même
temps respecter le non de la majorité, lui reconnaître une certaine
noblesse et se moquer de certains intellectuels. En tout cas, il faut
s'intéresser à un nouveau phénomène qui est l'émergence, au cours de ce
débat, d'une nouvelle figure de l'ennemi du peuple : les éditorialistes,
perçus comme les porte-parole de la sagesse et de la médiocrité adultes,
et que la majorité a identifiés à une nouvelle aristocratie.
>
> Vivons-nous une période prérévolutionnaire ou révolutionnaire ?
>
> Nous sommes dans le registre du rituel postrévolutionnaire, même s'il
existe des tensions apparemment prérévolutionnaires dans les relations
entre les élites et le peuple. C'est une tradition française depuis le
XIXe siècle : on répète la Révolution, soit dans l'ordre du réel, soit
dans l'ordre du symbolique. Mais rejouer la Révolution, ce n'est pas la
faire.
>
> Cela dit, ce n'est pas la première fois que les Français n'obéissent pas
à leurs grandes consciences. Ils ont écarté tous les candidats des
médias, d'Edouard Balladur à Lionel Jospin.
>
> Oui, en ce sens, ce 29 mai reconduit le 21 avril : les Français ne
veulent pas de la médiocrité sociale-démocrate ; en 2002, à un
politicien honnête et pâle comme Jospin, ils ont préféré des ogres ou
des fous. Ils ont politisé la folie et ils persistent sans le moindre
repentir.
>
> Cette façon de psychiatriser la dissidence est précisément l'une des
choses que les électeurs ont rejetées. Comme cette propension à réduire
le vote à un caprice d'enfants gâtés...
>
> Encore une fois, je parle surtout d'une partie de l'élite du non. Pour
le reste, on ne commente pas la peur. La peur est un fait, quelque chose
qui vous serre la gorge. Nombre d'intellectuels ( ha! Baudrillard! ) ont
fait preuve d'un certain anarcho-infantilisme en proclamant la beauté du
non, en avouant que la victoire du non serait plus intéressante . Cela
signifie que la notion de maturité politique n'existe plus. Ce mot ne
fait plus partie du vocabulaire politique. On a vu des dirigeants
médiocres proposer à des peuples médiocres de pérenniser la médiocrité.
Les peuples n'en ont pas voulu.
>
> Justement, on peut aussi entendre le non comme un refus de la sortie de
l'Histoire ou, pour reprendre la métaphore que vous affectionnez, comme
un rejet du palais de cristal, de la grande salle de gym qu'aspire à
devenir l'Europe.
>
> Non, on a voté pour conserver le palais de cristal dans sa forme
existante, parce qu'on pense être trop pauvres pour se payer les travaux
d'agrandissement : on a eu peur que la température intérieure du palais
baisse. Bref, les électeurs n'ont pas voulu risquer une gâterie sûre
pour une gâterie hypothétique, même supérieure. Le résultat, c'est que
nous allons tous rester dans un palais un peu plus gris, un peu plus
privé d'espoir.
>
> Donc, vous aussi, comme tous ces bons éditorialistes, pensez finalement
que le ressort du vote non a été exclusivement la peur ?
>
> Pour les Pays-Bas, c'est certain. En revanche, en France, il y a eu un
très fort courant que je qualifierai de méchanceté jubilatoire. Une
épidémie paranoïaque qui a conduit, je le répète, à dénoncer les
éditorialistes comme les descendants des aristocrates de la Révolution
française. On les a soupçonnés de vouloir faire taire le sens commun et
l'esprit critique, de chercher à obliger le peuple à dire des choses
qu'il ne veut pas dire. Bref, d'être des pharmaciens infernaux qui
voulaient empoisonner le peuple.
>
> Il faut dire qu'ils font parfois penser aux médecins de Molière. Dès
qu'une question se pose, ils répondent « L'Europe ! L'Europe, vous
dis-je ! ».
>
> Oui, l'Europe serait la panacée contre tous les maux. En attendant,
l'atmosphère est de plus en plus anti-élitiste. C'est dans cette
perspective qu'il faut souligner le rôle particulier de l'Internet dans
l'organisation du non français. Sur le Réseau se propageaient les
rumeurs les plus paranoïaques, mais les utilisateurs du Net avaient la
conviction jubilatoire d'être plus malins que la presse écrite. Alors
que celle-ci était, dans sa majorité, sage et proeuropéenne, le Net
était presque entièrement négatif. Et cette négativité était fondée sur
la célébration de sa propre intelligence. C'est pour cela que le non
français est en partie un non d'enfants gâtés et d'enfants terribles.
>
> On peut se demander si ce ne sont pas ces adultes prétendument
> raisonnables qui infantilisent les peuples. Parce que, si être
raisonnable signifie accepter le chômage et la précarité, mieux vaut
effectivement demeurer enfant !
>
> Dans ce cas-là, le vote français articulait un non métaphysique. La
question profonde du référendum aurait été : est-ce que vous vous
résignez à un monde où les adultes ne peuvent pas résoudre tous les
problèmes ? Ou même : vous acceptez-vous un monde où un certain nombre
de maux continuent à exister ?
>
> Et si tout cela signifiait que les élites ne font pas leur boulot
d'élites ? Après tout, cela fait des années qu'elles donnent le
sentiment de ne rien entendre de ce qui se passe dans les sociétés.
Pourquoi les écouterait-on ?
>
> Il est vrai que la démocratie directe suppose des élites qui ont fait
leur travail, en l'occurrence une campagne d'information de plusieurs
années. Or, au contraire, on a le sentiment que ce projet européen
accéléré s'adresse aux seules élites, c'est-à-dire à ceux qui ont la
capacité d'éprouver, même sans enthousiasme, la beauté d'un grand projet
dénué de toute grandeur. L'Europe, c'est le paradoxe d'une grandeur sans
grandeur : difficile à expliquer aux populations agitées par les luttes
quotidiennes ! Le prix de l'aventure européenne, c'est le renoncement à
l'héroïsme. Pour entrer dans ce club d'empires humiliés, il faut prouver
qu'on a abandonné les mauvaises manières de la fierté impériale et de la
grandiloquence. Oui, l'Europe est un club de médiocres, là est sa
grandeur, une grandeur ironique. L'alternative à laquelle nous sommes
confrontés est simple : d'un côté, grandeur et sacrifice, de l'autre,
bien-être et médiocrité.
>
> D'où, peut-être, le message confus envoyé par les électeurs français :
nous voulons la grandeur et le bien-être !
>
> Le surréalisme français est sorti des musées et descendu dans les rues,
où l'on porte des banderoles sur lesquelles est inscrit le slogan : « Le
peuple ne cède pas sur son désir. » Pour qu'il y ait des enfants gâtés -
tels qu'on les aime -, il faut bien que quelques adultes s'occupent de
la construction de la serre. On ne devient pas adulte en critiquant les
eurocrates ou tous ceux qui s'occupent du bien-être collectif. Que les
moyens qu'ils emploient soient ou non convaincants est une autre
question. L'anti-élitisme et l'anti-adultisme ne mènent à rien .
> 9juin2005,Propos recueillis par Elisabeth Lévy ,
> http://www.lepoint.fr/edito/document.html?did=164024
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
> ---------------------------------
> Discover Yahoo!
>  Find restaurants, movies, travel & more fun for the weekend. Check it
> out!


<pre>
                           _____________________________
<a href=http://vnatrc.net/>| ach_tttp:///vnatrc?net | c]</a>
                           ¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨
</pre>



<pre>
                           _____________________________
<a href=http://vnatrc.net/>| ach_tttp:///vnatrc?net | c]</a>
                           ¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨
</pre>





More information about the Syndicate mailing list