For syndicate list:: FESTIVAL "EXODES"

Marina Grzinic margrz at zrc-sazu.si
Sat Mar 9 18:39:14 CET 2002


From: klonaris/thomadaki <klon.thom.astar at wanadoo.fr>

Sent: Saturday, March 09, 2002 6:17 PM
Subject: Paris: FESTIVAL "EXODES"


Cinéma L'Ecran de Saint-Denis
Journées cinématographiques dionysiennes

EXODES

Du 6 au 12 mars 2002

Place du Caquet
9300 Saint-Denis
M° Basilique de Saint-Denis/ligne 13


CARTE BLANCHE A MARIA KLONARIS ET KATERINA THOMADAKI

autour de "REQUIEM POUR LE XX° SIECLE"


Dimanche 10 mars, 2002 à 18h30

Programme

Maria Klonaris - Katerina Thomadaki (France/Grèce):
Requiem pour le XXe siècle
vidéo BETA SP Pal, couleur, sonore, 1994, 14min

Atsushi Ogata (Japon) :
Refuge
vidéo BETA SP Pal, couleur, sonore, 1993, 8min

Mona Hatoum (Royaume Uni/Liban) :
So Much I Want To Say
vidéo, BETA SP, Pal, n&B, sonore, 1983, 5min

Lis Rhodes (Royaume Uni) :
Running Light
vidéo, BETA SP, Pal, n&b, sonore, 1997, 14min

Nil Yalter (France / Turquie) :
Les Rites Circulaires
vidéo, BETA SP, Pal, couleur, sonore 1992, 1min
Calligraphie
vidéo, BETA SP, Pal, couleur, sonore, 1993, 3min

Marina Grzinic / Aina Smid (Croatie/Slovénie) :
Labirint
vidéo, BETA SP, Pal, couleur, sonore, 1993, 12min


Remerciements à A.S.T.A.R.T.I. archives et éditions

_______________________________________________

EXILS

L'expérience de l'exil touche profondément la conscience contemporaine.
Les exodes qui marquent le XXe siècle éclairent les cartographies du
pouvoir qui étranglent la planète. Toutes les catégories d'oppressions y
participent : de la violence extrême de la guerre, des totalitarismes,
de la criminalité économique institutionalisée, jusqu'aux oppressions
sociales endogènes - de classe, de race, idéologiques ou sexuelles.
C'est ainsi que les opprimés-exilés, disons les étrangers, deviennent
souvent les catalyseurs de mouvements vers l'avant. Après avoir subi le
traumatisme de quitter une frontière, ils sont bien placés pour en
défaire d'autres.

Les úuvres qui composent ce programme disent l'exode, le déplacement,
l'exil. L'exil comme traumatisme tant pour celui ou celle qui l'a vécu
dans son propre corps que pour celle ou celui qui en ressent toute la
charge dévastatrice. Chez Mona Hatoum ou Nil Yalter la question de
l'exil est sujet autobiographique. Toutes deux parlent à la première
personne. Qu'il s'agisse de la présence de leur visage ou de leur voix,
leurs films se construisent autour d'un vécu qui atteint leur propre
corps. Si Hatoum rend son visage l'emblème silencieux d'un désespoir
contenu, écran vide interdit de parole, Yalter situe le sien dans un
univers plastique qui relie la sensualité orientale aux volumes
tridimensionnels inventés en images de synthèse. Chez l'une le sujet
féminin dénonce son exclusion de la parole, chez l'autre il crie son
multiculturalisme, ses origines hybrides et revendique sa relation
également intense avec le passé et l'avenir. Atsushi Ogata, pour sa
part, rassemble des images d'archives et projette dans les visages
resserrés de douleur les litanies des personnes déplacées pendant les
guerres récentes. Lis Rhodes travaille sur l'infigurable de l'exode, du
voyage forcé sans fin. Elle filme des lieux abandonnés, devastés
d'absence, un camp d'immigrés peut-être, où la lumière électrique veille
encore. Dans ce désert résonne un récit fragmenté : des débris de
phrases, de mots qui se superposent, témoignent l'immigration
clandestine, la peur, la persécution, la déshumanisation. Le montage
rigoureux du film épouse la gravité du son, jusqu'au rythme même de la
voix. Quant à Marina Grzinic et Aina Smid, ce qui apporte l'intensité
dramatique dans leur film, ce ne sont pas les images de camps de
réfugiés bosniaques qui apparaissent ici et là en arrière fond, mais ces
corps chorégraphiés qui semblent surgir, tout tremblants, convulsifs,
d'une catastrophe. Ce qui est figuré, ce n'est pas l'événement
traumatique en soi, mais son retentissement et son marquage psychique.
Les corps se rencontrent et tentent de s'aimer, sans pouvoir s'empêcher
de répercuter toute la violence qu'ils ont absorbée.

Avec une immédiateté intensément visuelle, ces úuvres énoncent les
deuils et les révoltes des exils.

Maria Klonaris - KaterinaThomadaki

Nous tenons à remercier ici Olivier Pierre pour cette invitation à
présenter notre film Requiem pour le XXème siècleaccompagné d'une carte
blanche d'úuvres autour du thème de l'exil, ainsi que Nicole Brenez qui
nous a fait découvrir "Exodes".


"REQUIEM POUR LE XX° SIECLE"

Maria Klonaris a découvert dans les archives de son propre père,
gynécologue en Alexandrie, une image, la photographie d'un
hermaphrodite, aux yeux bandés, ainsi qu'il est d'usage dans l'imagerie
médicale. Les deux artistes se sont approprié cette image qui a pris la
place de la saga sur leur propre visage et qui est venue occuper tout
l'espace de leur interface. Elle est devenue la figure de l'Ange,
anghelos, messager, et du martyre, témoin, martyras en grec voulant dire
aussi témoin. Dans leur úuvre vidéographique Requiem pour le XXe siècle,
l'hermaphrodite, mis en rapport avec des actualités de la seconde guerre
mondiale, a cessé d'être une simple figure mythologique pour se dresser
comme un authentique manifeste de la vigilance et de la mélancolie.

L'Ange apporte aussi le thème apocalyptique du feu, donc de la brûlure.
Les artistes ont travaillé, tour à tour, sur la tâche, sur la macula,
sur la combustion, sur la lumière, sur les images stellaires, sur ce
corps de feu, sur cet ange qui, les yeux bandés, ne regarde pas ce
siècle mais lui rend témoignage. Dans Requiem pour le XXe siècle il est
dans une situation de maintien, "main-tenant". Et cette main qui tient
le maintenant, c'est à dire notre présence au monde, est une main tenant
précisément l'image du siècle. L'Ange se tient debout, face au présent,
sans fuir, témoin de la catastrophe. Ce maintien résonne dans la double
sonorité de la présence et du courage de qui ne défaille pas. Ainsi les
deux artistes, deux femmes qui ont combattu pour la dignité de leur
sexe, ont porté la question bien au delà du sexuel pour affronter le
siècle, pour dire leur violence. Leurs images mettent le visible à feu
et à sang, mais du côté de l'ange, sans répandre la mort, car l'art est
toujours don de liberté donc don de vie.

Marie-José Mondzain
Philosophe, directeur de recherche au CNRS

Site internet KLONARIS / THOMADAKI, Rétrospective Virtuelle 1975- 2000
http://mkangel.cjb.net





More information about the Syndicate mailing list